mardi 25 mars 2014

Générations épouvantables


Le goût prononcé de notre société de consommation pour la perfection nous a fait développer un nouveau sens : la vision sélective. Tant pis si les mensurations de Barbie sont totalement irréalistes, nous avons été suffisamment conditionnés pour les accepter inconsciemment.

La retouche photographique fait fatalement partie de mon quotidien. Suis-je pour autant un faussaire de formes et de couleurs ? Pas vraiment. Pour moi, gommer, flouter, lisser ou ombrer, c'est débroussailler l'indésirable pour ne laisser place qu'à l'expression obtenue suivant ma direction. Pouvoir livrer une photo équilibrée, sans pour autant qu’elle soit modifiée à outrance, c’est vous offrir une chance de vous montrer à votre meilleur. Mes retouches sont réduites à une juste mesure au profit de la présence qui se dégage du portrait.

«Mettre le sujet à l'aise» incombe au travail du photographe, mais surtout à sa personne. Notez comme ce critère est déterminant pour le choix du photographe et donc pour une photographie réussie. Savoir diriger la posture d'une personne selon sa morphologie et l'angle de la lumière est le b.a-ba du métier, savoir extraire l'expression idéale est une autre affaire. Les mots, c'est par eux que vous arrivez à faire les distinctions ou que vous délaissez votre armure rhétorique - je ne suis pas photogénique. Bien dits, bien placés, ces mots agissent de façon différente selon la génération devant ma caméra. Si je dois mettre en relief de l'assurance, la génération Baby-boomer se basera sur le travail accompli, mais aussi sur des valeurs familiales lointaines, le respect de l'autorité et de la structure hiérarchique. Quant à la génération Y, elle incarnera naturellement une confiance personnelle, car elle n'a rien à perdre et tout à gagner. "La nouvelle génération est épouvantable. J'aimerais tellement en faire partie !" Oscar Wilde.

Mais pour en revenir au modèle, personne ne pourra mieux laisser transparaître vos beautés intérieure et extérieure que vous-même. La retouche doit rester minime!



Reste que aujourd'hui il est quasiment impossible de se tenir en dehors de la retouche dans certains segments de la photographie, notamment celui de la mode. Sinon autant passer à autre chose car la concurrence vous piétinera sans faire le moindre effort. Il y a donc bel et bien un impératif budgétaire si on considère que 40% du revenu de photographe provient du service de portrait corporatif selon statistiques Canada.






Je fais donc de la retouche en finesse, du bio : pas celle dans laquelle vous ne vous reconnaissez pas, mais celle avec laquelle vous acceptez vos petites imperfections pour en faire une partie intégrante de votre personnalité. Merci, Josias Gob - www.josiasgob.com // facebook.com/JosiasGobPhotographe. Texte principal par Cyrille Giraud


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